"Il n’y a pas de tyrannie qui ne tente pas de limiter l’art, car elles voient le pouvoir de l’art. L’art peut dire au monde ce qui ne peut être partagé autrement. C’est l’art qui transmet des émotions et des sentiments." 

- Volodymyr Zelensky, Président de l'Ukraine

Nikita Kadan / Нікіта Кадан

© Nikita Kadan. Photo: Pat Verbruggen
The Possessed Can Witness in the Court / Одержимий може свідчити в суді, 2015
Installation , 250 x 240 x 70 cm
metal construction with various objects like lightbox, photograph, plants, coal, a take away leaflet etc.

Cette installation est composée de casiers métalliques dans lesquels sont rassemblés des objets de la collection personnelle de l’artiste ainsi que des œuvres qu’il a réalisées, comme une archive alternative. Les pièces réunies font référence au passé soviétique de zones de conflit actuel : la Crimée et le bassin du Donbass. Ces objets, autrefois entachés d’idéologie étatique, semblent échapper à tout récit dogmatique dans ce contexte et se débarrasser de la traditionnelle dichotomie « ami » ou « ennemi ». Le « possédé » (par les fantômes de l’Histoire) qui « peut témoigner au tribunal » (de l’Histoire) est le personnage invisible de l’œuvre. Il est porté par la puissance que déclenchent les paradoxes et nie la position officielle des parties belligérantes et leur propagande. En même temps, son attitude n’est pas celle d’un observateur indifférent. The Possessed Can Witness in the Court introduit une nouvelle logique de récit historique qui n’est pas contrôlée par la politique de la mémoire – c’est-à-dire l’État. Les objets de l’installation ont été dépouillés de leurs implications précédentes et réassemblés. Ainsi, ils forment un témoignage libre de préjugés.

Chaque élément de l’installation renvoie à une histoire ambiguë. L’un de ces artefacts est le monument à « Artem », une sculpture cubo-futuriste érigée en 1927 par Ivan Kavaleridze à Sviatohirsk (dans l’oblast de Donetsk) dans le cadre du plan dit de « Propagande monumentale » de Lénine. Artem, pseudonyme du membre du parti communiste Fedor Sergeev, était l’organisateur de la « République des travailleurs de Donetsk-Kryvyi Rih » et un militant du parti ouvrier social-démocrate de Russie, le POSDR. Si le monument est désormais considéré comme un objet idéologique hostile du point de vue de la politique de décommunisation, il est à la fois comme l’un des chefs-d’œuvre de l’avant-garde ukrainienne et répond au canon culturel national.

Les politiciens de droite continuent malgré tout à réclamer sa démolition, tandis que les autorités locales se contentent d’en bloquer l’accès et de ne pas intervenir dans les processus naturels d’entropie et de dégradation auxquels est exposée la statue en béton. D’autres matériaux sur les étagères sont des objets provenant de la zone de guerre, dont des restes d’obus d’artillerie, des boîtes contenant des photos en noir et blanc en partie enfouies sous le charbon et des éléments provenant des archives personnelles de Kadan, comme de vieilles photos de bâtiments de la zone de guerre actuelle et des plantes (qu’on peut voir sur les rebords de fenêtres à Kyiv). Une lampe au néon au plafond dessine les contours de la péninsule de Crimée.

 

Liste des objets utilisés :
Nikita Kadan, de la série Hesitant sculptures, 2015

Nikita Kadan, de la série Observation on archives (Smithson), 2015

Le livre Monuments of Soviet Ukraine d’Ivan Kavaleridze (avec la photographie du monument de 1927 à Artem, à Sviatohirsk, dans le bassin du Donbass), Mystetztvo, Kyiv, 1982

Sanatorium Bassin du Donbass en Crimée, années 70

Objets d’artillerie, Ukraine orientale

Modèle pour le monument à Lénine, artiste inconnu. Donation de Lesia Khomenko.

« Le modernisme. Analyse et critique du courant dominant », Iskusstvo, Moscou, 1987

Nikita Kadan, de la série Observation on archives (Dibbets), 2015

Nikita Kadan, An Island, 2014.

Nikita Kadan, de la série Observation on archives (New Buildings), 2015.