Jan Cox
Le mythe d’Orphée joue un rôle important dans l’œuvre de Jan Cox. De 1953 à sa dernière année de vie, ce thème continue à l’inspirer. Cox éprouve une grande fascination intérieure pour ce mythe classique centré autour du désir d’absolu, d’harmonie et de réunion ainsi que leur impossibilité tragique.
Dans un entretien avec Willem M. Roggeman en 1980, Cox se livre sur la connexion intense : « Orphée m’a touché parce qu’il est la personnification de l’artiste. C’était donc une sorte d’identification. Parce qu’il a subi une grande perte – sa bien-aimée –, il va la chanter. Et plus il souffre, plus il chante[1]. » Le destin funeste d’Orphée fait office de métaphore pour la vie artistique et existentielle.
Orpheus évoque une image de deux mondes incompatibles. Au milieu du tableau, sur une bande bleue qui fait fonction de démarcation, Jan Cox intègre une boîte à cigares avec une figurine jouant de la lyre. À droite, on aperçoit le rougeoiement ardent du feu dansant, à gauche quelques bandes épineuses représentent le chagrin d’Orphée.
« Il s’agit du commentaire doux-amer et ironique du poète fatigué qui constate le caractère illusoire de sa recherche artistique et existentielle. Une illusion ou tout au mieux un substitut. Il ne peut cependant se réconcilier ni avec l’un ni avec l’autre ; pour l’artiste qui aussi bien dans la vie que dans l’art a aspiré à l’absolu, cela ne suffisait pas[2]. »
Ainsi, cette œuvre est décrite comme un autoportrait poignant, abstrait et intérieur dans lequel le fossé entre deux mondes irréconciliables se révèle plus profond que jamais. Avec cette figurine kitsch d’Orphée, Cox remet en question sa quête d’absolu.