L’œuvre d’Allan Sekula traite invariablement de thèmes comme la classe sociale et les conditions de travail et critique vertement le capitalisme. The Forgotten Space est une œuvre épique, qui s’attaque à la complexité océanique du capital global sous forme de documentaire ; une approche critique que Sekula a maîtrisée tout au long d’une vie de travail partagée entre la photographie, la recherche, l’écriture et l’enseignement. Le film dépeint le commerce maritime contemporain et suit le périple de conteneurs sur des navires, des barges, des trains et des camions, donne la parole à des ouvriers, des ingénieurs, des organisateurs, des politiciens et ceux que le système de transport mondial a marginalisés. La dernière partie de The Forgotten Space visite la petite ville de Doel, surtout connue pour sa centrale nucléaire, mais par ailleurs une bourgade menacée de disparition en raison de l’expansion du port d’Anvers. Recourant au documentaire descriptif, à des interviews, à des images d’archives, à des extraits de films anciens, cet essai visuel sur l’un des modes de transport les plus anciens et les plus importants de l’humanité, nous montre qu’aujourd’hui il nous affecte aussi le plus, bien qu’il soit en grande partie caché. Le projet s’inscrit dans le prolongement de Fish Story (1989-1995), cherchant à comprendre et à décrire le monde maritime contemporain par rapport à l’héritage symbolique complexe de la mer.