Letter to a Turtledove est une deuxième appropriation artistique de séquences amateurs prises pendant la guerre dans le bassin du Donbass et combinées en un film-poème antimilitariste et surréaliste. Kavelina alterne des vidéos trouvées sur Internet et des extraits de ses propres animations, des images mises en scène et des images d’archives du bassin du Donbass datant des années 30. À l’époque, la région était, outre la patrie du stakhanovisme, un haut lieu de l’industrialisation stalinienne et de l’immanquable enthousiasme ouvrier.

Kavelina confronte les témoignages de différentes périodes historiques de telle sorte qu’ils engagent un dialogue et jettent des ombres les uns sur les autres. Elle pense que la définition de l’identité ukrainienne se situe dans l’obscurité de ces ombres : quelque part entre le passé soviétique, un héritage nié par le discours politique dominant, et le présent traumatique de l’Ukraine. Un monologue sur ce qui se déroule en coulisse, écrit et lu par Kavelina elle-même, créant ainsi un espace entre le politique et l’intime. Le titre Letter to a Turtledove fait référence à un message adressé à une femme dans les territoires occupés. L’image de la victime est centrale dans le film. Cette œuvre comporte de multiples traumatismes, images, horreurs, rêves et hallucinations qui se sont produits dans le bassin du Donbass depuis l’invasion par la Russie en 2014. Mais comme l’Histoire le démontre, la région était un territoire débordant de paradoxes, de mythes et d’espoirs bien avant la guerre.